Synopsis :
La véritable histoire de Paul (Pierre Deladonchamps) qui, après deux années au front, se mutile et déserte. Pour le cacher, son épouse Louise (Céline Sallette) le travestit en femme. Dans le Paris des Années Folles, il devient Suzanne. En 1925, enfin amnistié, Suzanne tentera de redevenir Paul…

Le saviez-vous ? :
- Avec ce film, le cinéaste André Téchiné s’intéresse à une extraordinaire anecdote des années 1920, celle de Paul Grappe, déserteur de la Grande Guerre qui s’est travesti de 1915 à 1925 pour échapper aux autorités, menant ainsi une vie de clandestin sous le regard de son épouse Louise.
- Cette intrigue est tirée d’une histoire vraie , relatée dans le roman « La garçonne et l’assassin : histoire de Louise et de Paul, déserteur travesti, dans le Paris des Années folles ».
- De plus, il est sélectionné dans la catégorie « Évènements 70e anniversaire » et projeté en mai 2017 au Festival de Cannes.
Ma critique :
Le film instaure le malaise en abordant des thèmes qui dérangent : la désertion, la prostitution et le travestissement. En filmant la passion déchirante d’un couple, il raconte un fait oublié de la première guerre mondiale et apporte son regard très personnel sur 14-18. Il interroge avec brio la question de la masculinité, le rapport au corps, la peur des hommes face à la guerre, l’impuissance des femmes à les aider… Il dépeint aussi ces années folles de l’entre-deux guerres, libératoires. Sans être jamais moralisateur, le film est totalement dénué d’ambiguïté : les options de Paul et sa trajectoire ne peuvent avoir d’autre issue que le drame. Habilement intégrées dans le film, plusieurs scènes en disent long sur les évolutions d’un personnage qui, manifestement, se déshumanise au fil du temps.

L’interprétation de Pierre Deladonchamps et Céline Sallette est exceptionnelle. Ces deux acteurs poursuivent leurs parcours sans faute avec finesse. Je tiens à tirer mon chapeau à la comédienne puisqu’elle incarne la passion amoureuse et la constance mais aussi la révolte, quand le temps est venu, avec brio.
Quand Téchiné en vient au final à explorer les noirceurs finales du couple, la bien-pensance sépia dans laquelle baignait le début du film semble bien éloignée. La fin du film suscite un véritable vertige. Il n’y a pas de jugement dans le regard du cinéaste. Seulement de l’amour qui donne à cette femme la force de l’insupportable. Comme tous les films de Téchiné, le désir ardent, ambigu s’invite dans ce récit, tout autant intimiste que lumineux.
Pour conclure, « Nos années folles » est un grand film romanesque avec une histoire assez troublante sur le désir et l’identité, remarquablement interprété par deux comédiens exceptionnels.
Et vous, l’avez-vous vu ? Qu’en avez-vous pensé ?
Ma note : 17/20
Bande-annonce :
[…] Vous pouvez retrouver ma chronique de ce film en cliquant sur ce lien : Nos années folles […]
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